Il a un ami imaginaire, est-ce normal?

Entre 3 et 6 ans, près d’un enfant sur deux s’invente un copain. Décryptage avec Nathalie Nanzer, médecin adjoint à la Guidance infantile du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, à Genève.

Profil de l’enfant

Il n’existe pas de profil type, mais on constate que les enfants uniques ou les aînés s’en inventent plus souvent que les deuxièmes ou troisièmes de fratrie.

Profil de l’ami imaginaire

C’est une sorte de compagnon idéal qui peut revêtir des aspects variables en fonction de ce que l’enfant a besoin de projeter sur lui: unique ou multiple, garçon, fille ou même animal. Il peut être le héros qui ne craint rien, contrairement à l’enfant qui, à cet âge, est souvent confronté à de nombreuses peurs. Cela peut aussi être un jumeau ou un double qui le comprend et qui est toujours là pour lui.

 
Son rôle

Il a un rôle transitionnel et structurant pour l’enfant, tout comme les jeux d’imagination ou les histoires qu’il aime s’inventer ou se faire raconter. C’est une aide à laquelle il peut avoir recours pour se construire. D’ailleurs, l’ami apparaît souvent lors d’un nouvel événement: l’entrée à l’école ou l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur par exemple. Comme un doudou, il lui permet de gérer ses angoisses, de faire face à des frustrations ou de combler un sentiment de solitude. Cela peut être également une manière d’attirer l’attention sur soi.

Comment décoder?

S’inventer un ami imaginaire est le signe d’une vie psychique riche et d’une bonne imagination qui peuvent aider l’enfant à se développer, jusqu’à l’âge de 7 ans où il devrait disparaître. Parfois le copain invisible persiste ou réapparaît en début d’adolescence, au moment où le jeune est confronté à de grands remaniements dans son identité et sa relation à ses parents. Ce phénomène doit toutefois alerter l’entourage s’il commence à prendre une trop grande importance, en perturbant la vie de l’enfant ou de la famille.

Comment réagir?

Il est utile de se souvenir que ce copain-là représente des aspects de l’enfant lui-même. On ne va donc pas se moquer de son attitude, ni le gronder. S’il montre le désir d’en parler, il faut saisir cette occasion pour ouvrir le dialogue, lui poser des questions sur son compagnon. Par contre, s’il préfère le garder secret, il est important de respecter ce désir d’intimité. Parfois, au début de l’apprentissage du bien et du mal, l’enfant fait assumer à son ami une erreur que lui-même a commise. L’adulte peut alors profiter de l’occasion pour faire passer un message comme quoi il n’est pas d’accord, voire fâché. Mais attention, pas question que le copain invisible serve d’excuse pour déroger aux règles.

Texte: Magali Brouyère / Dessin: Peggy Adam - www.peggy-adam.com


17/03/2008
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